Selon un texte de Louis Dulieu publié en 1995 dans le bulletin de l’académie :
Il s'agit ici de Raymond Charles Henri Guibal, Raymond étant son prénom usuel. La famille Guibal est avantageusement connue à Montpellier. Plusieurs d'entre les siens se feront un nom dans la magistrature, tout en faisant parfois de la politique, d'autres préféreront se tourner vers la médecine. Ce sera le cas qui nous intéresse ici.
Né le 18 mai 1853 à Florensac, Raymond Guibal était le fils de Louis-Jean-Marie Octave, négociant vin, et de Marie-Flore de Ricard, sa première épouse. Reçu docteur en médecine le 3 août 1877 avec une thèse sur le traitement de la fistule anorectale par la ligature élastique, il songea un instant entreprendre une carrière universitaire. C'est ainsi qu'on le retrouvera soit à l'Hôpital général, soit dans le vieil Hôtel-Dieu de la rue de la Blanquerie, chef de clinique des maladies syphilitiques et cutanées en 1879, puis chef de clinique chirurgicale chez Alphonse Dubrueil et chez Amédée Courty en 1883. En ce temps-là, les chefs de clinique arboraient un tablier bleu. Entre-temps, toutefois, Raymond Guibal avait été échoué au concours d'agrégation de 1880 après avoir eu à traiter Du spasme urétral. Il n'insista pas.
Il décida alors d'exercer à Montpellier même où il connut un grand succès de clientèle. Un tableau conservé dans sa famille, nous apprend qu'il soignait le corps, secourait le cœur et avertissait (sic) l'âme. Pendant longtemps on le retrouvera aussi assurant le secrétariat général du Bureau de l'association de prévoyance des médecins de l'Hérault. Enfin, en ce qui nous concerne, il fut le premier titulaire du fauteuil de médecine XXX à partir de 1898. Il l’occupa pendant 26 ans.
Comme tous les médecins de son temps, Raymond Guibal était un humaniste, aimant sortir de son cadre professionnel pour parler de littérature ou de toutes sortes de manifestations artistiques. Il devait mourir à Montpellier le 3 mars 1924 dans sa maison de la rue Friperie. Il avait un demi-frère, Louis, issu de la seconde épouse de son père, Arlette Vernhette. Celui-là sera bâtonnier, conseiller général et député de l'Hérault, lequel eut dans sa descendance un autre bâtonnier mort à 99 ans et un professeur agrégé de chirurgie, André Guibal, qui fut jusqu'à ces dernières années notre collègue à l'Académie et dont le professeur André Thévenet a magnifiquement retracé la vie et œuvre.
Afin d'éviter toute confusion de personnes, donnons quelques précisions sur certains membres de cette famille car ils sont au nombre de 4 à avoir siéger parmi nous. Outre Raymond, donc il vient d'être longuement question, qui n'est pas le premier en date, occupant, avons-nous vu le fauteuil Médecine XXX de 1898 à 1924, soit pendant 26 ans il faut citer :.
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Louis Guibal, demi-frère de Raymond, avocat, bâtonnier et député de l'Hérault dans la célèbre chambre bleue horizon. Il était domicilié au cœur de la vieille ville, rue Fournarié. Il occupe, cette fois-ci, antérieurement à Raymond, un des fauteuils de la Section des Lettres le numéro XXX de 1893 à 1942, soit pendant 49 ans ! Il eut pour successeur le recteur Jean Sarrailh.
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Jean Guibal, fils de Louis, et aussi avocat et bâtonnier, conseiller municipal est élu, lui encore, dans la Section des Lettres, au fauteuil LVII de 1818 à 1985 soit pendant 57 ans. Il eut pour successeur le bâtonnier Jacques Lafont .
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André Guibal, enfin, fils de Louis et donc frère de Jean, donc il a été question précédemment. Il fut professeur agrégé de chirurgie à la Faculté de Médecine. Il siégea dans le fauteuil Médecine XIII de 1965 à 1991 soit pendant 26 ans lui aussi ! Il eut pour successeur le professeur André Thévenet, avons-nous vu
Si nous faisions le total des années académiques durant lesquelles la famille Guibal siégea parmi nous, nous arriverions au chiffre extraordinaire de 168 ans. Bel exemple de fidélité à notre Compagnie !
Toujours pour éviter les confusions de personnes, disons qu'un autre collègue, Elie Guibal, originaire de Nîmes, occupa un des fauteuils de la Section des sciences, le XX, mais il s'agit, cette fois-ci d'un homonyme, ingénieur des ponts-et-chaussées. Il occupa son siège que pendant 13 ans.
Voir l'éloge de Raymond Guibal par L. Guibert en 1925 :